Gwenaëlle Aubry, PersonneOriginal ext | Gwenaëlle Aubry, NobodyTranslation |
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Un été, j’avais peut-être sept ou huit ans, ma sœur trois ou quatre, il a loué une roulotte, une vieille chose brinquebalante de bois bâché, tirée par une jument qu’on appelait Câline, une vraie roulotte de saltimbanque. Nous sommes partis en balade je ne sais plus où, dans les Cévennes, je crois. Nous cheminions très lentement sur des petites routes de montagne bordées de prés et de forêts, le soir, nous nous arrêtions dans une auberge, nous mettions la jument à paître, et au matin, dans l’air limpide, nous repartions, ma sœur et moi perchées sur le siège du cocher dans nos salopettes à pattes d’éléphant et nos chemisiers bariolés, mangeant les glaces et chantant à tue-tête les chansons qu’il nous apprenait, Brel, Brassens, lui devant, précédant la jument avec un seau d’eau ou un peu de foin pour la faire avancer, riant avec nous dès qu’elle s’arrêtait.
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One summer, I was maybe seven or eight and my sister three or four, he rented a trailer; an old rickety thing of sheeted wood drawn by a mare we called Hug; a true showman trailer. We went for a walk to some place I forgot, in the Cevennes, I think. We would make our way very slowly on narrow mountain roads bordered by meadows and forests, and in the evening, we would stop at an inn and put the mare to graze, and then, in the morning, in the limpid air, we would start off again, my sister and I perched on the coachman’s seat in our bell-bottom overalls and our many-colored blouses, eating ice cream and singing at the top of our voice the songs he taught us, Brel, Brassens, him walking first, preceding the mare with a bucket of water or a little piece of hay to make it move on, laughing with us when it stopped.
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